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Interview : L'Abeille Charpentière

Un vol puissant et bruyant, un sombre costume de vengeur masqué, des ailes bleu-violacées, des moeurs solitaires...

Voilà de quoi faire régner la terreur ! Et pourtant, vous ne trouverez pas plus pacifique et débonnaire que moi ! Laissez-moi vivre ma petite vie, et je ne m'apercevrai même pas de votre présence...

...

Mois de mai, quelque part dans la moitié sud de la France. Le printemps est de retour, et moi aussi : je sors de ma longue hibernation, m'étire de tout mon long, savourant avec délice la douce chaleur d'un soleil qui s'apprête à reprendre le dessus...

La vie reprend son cours...

...et à partir de ce moment, la mienne ne va plus être qu'un vrombissement incessant, du printemps à l'automne. C'est tout juste si je prends le temps de goûter à quelques instants de répit, dans la glycine et les saules, dans la vipérine et la coroline, pour ravitailler mon moteur !

Mais qu'ai-je donc à faire de si prenant, me demanderez-vous ?

C'est que je suis un insecte sérieux, moi, monsieur... (...ou madame ?) : je travaille ! J'ai une formation de BTP : Brevet de Trouage et Perforation. Quand je ne suis pas en vol ni en ravitaillement, je suis en plein travail de forage. Je fore des galeries dans tout ce qui s'apparente à du bois sec : si mes ancêtres travaillaient les arbres morts et les vieilles souches, l'homme moderne a mis à notre disposition un autre type de matériau très appréciable : les poutres (Mais pas de panique pour votre charpente, je ne m'en prends qu'aux poutres vermoulues !)

Et là, je m'en donne à coeur joie, réfrénant à peine mon enthousiasme : mes galeries atteignent 30 cm de longueur sur 2,5 cm de diamètre environ ! Rendez-vous compte, moi qui mesure 20 à 25 mm, cela représente plus de 10 fois ma taille ! ...Et un sacré "gruyère", car nous autres, les abeilles charpentières, sommes très sentimentales, et nous nous installons le plus souvent dans les environs de notre nid d'enfance, celui-là même où nous avons vu le jour : les trous s'accumulent...
Et quels sont mes outils, pour ce travail de titan ? des mandibules, de simples mandibules...

"J'fais des trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous..." Mais quel sens peut bien avoir une telle obsession ?

Aucun, si je ne complétais pas mon ouvrage par des cloisons pour transformer ma galerie en une espèce de vaste lit superposé à 10 étages pour y établir ma progéniture ! Et dans chaque cellule, je dépose tout un tas de pollen que j'ai été chaparder sur les fleurs de voisinage, avec une affection toute particulière pour les belles roses trémières. (Je vous l'ai dit, je suis une sentimentale !) Et avant de clore chaque cellule, surtout ne jamais oublier de pondre un oeuf, qui deviendra larve, nymphe puis adulte !

Allez, deux petites anecdotes pour terminer :

Pendant tout ce temps là, que font les mâles ? Je ne sais pas trop, mais ce que je sais, c'est qu'à la saison des amours, ils sont complètement fous : ils volent à pleine vitesse, pour nous en mettre plein la vue et pour chasser les concurrents, ...et finissent parfois dans le décor : fenêtre, mur, ...et tout ce qui peut se trouver sur leur route, y compris les hommes ! (Et bien, quoi, que faisiez vous sur leur trajet, d'abord ?)

Et ça ne s'arrête pas là ! Car il leur arrive parfois de nous épier à la sortie de notre trou, s'intéressant de très très près à tout ce qui bouge à proximité. D'ailleurs, cela pourrait bien être votre tête, et voilà que le mâle va se mettre à tourner bruyamment autour de vous, pour voir s'il a affaire à une femelle avec qui il va pouvoir s'accoupler, ou à un autre mâle qu'il va falloir mettre en fuite !...
Mais rassurez-vous, les mâles ne piquent pas, et n'ont qu'un seul but : faire grosse impression !

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