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Interview : La Mante Religieuse

"Pardonnez-moi, mon Dieu, j'ai pêché..."

Oui, je sais, mon comportement est difficile à comprendre... Mais si je passe le plus clair de mon temps dans cette attitude de prière, c'est que j'en ai lourd sur la conscience ! Pensez-donc, mon mari... mon regretté mari...
Une tendre étreinte,... un moment d'inattention,... et cette maudite fringale... Oh, misère, mon regretté mari !...

Laissez-moi vous raconter ma tragique histoire...

Me croirez-vous, si je vous disais que je suis issue d'une famille, disons... très nombreuse ? Nous étions près de 200 frères et soeurs, encore que le nombre reste incertain... Et oui, c'est ainsi : ma mère a un jour déposé son oothèque sur une brindille en bordure d'un chemin (ou peut-être était-ce sous une pierre ?), et ne s'est jamais retournée pour voir sa progéniture venir au monde... Remarquez, mal lui en a pris, car si nous avons passé l'hiver à l'abri dans cette mousse brûne isolante, je me suis laissé dire qu'elle serait morte de froid dans quelque clairière, à quelques dizaines de mètres à peine d'ici...

Bref, j'ai vu le jour un beau matin de printemps.

J'ai vu le jour, oui, mais au milieu d'une foule innombrable d'insectes aux allures de dinosaures : c'était effrayant... ...jusqu'à ce que je réalise que c'étaient mes frères et soeurs, et que j'étais comme eux. Mes premières angoisses ont alors fait place à un sentiment de toute puissance, et j'ai décidé de mener une vie d'aventurière solitaire.

J'ai quitté tout ce petit monde, et je suis partie à la découverte du monde et de ma nouvelle vie, vivre de chasse et de grands espaces.

Ah, la chasse... Plus qu'une passion, c'est un mode de vie !

Disons que Dame Nature a été généreuse, et m'a offert de puissantes pattes antérieures, hérissées de pointes acérées, capables de se refermer comme des tenailles sur la première proie imprudente qui voudrait les voir de trop près. En quelques jours, j'ai réussi à faire courir le bruit qu'il y avait un tigre dans les broussailles ! Il faut dire que j'ai une tactique diaboliquement efficace pour me camoufler : je me tiens droite, herbe parmi les herbes, brindille parmi les brindilles, et me laisse balancer doucement, au gré de la brise... C'est bien le diable s'il ne passe pas un insecte, voire un petit vertébré (lézard, oisillon...) !

Et là, doucement, je tourne la tête (ce dont sont incapables les autres insectes), pour apprécier la distance, et au besoin je me rapproche,... doucement,... tout doucement... Et quand l'insecte réalise ma présence, c'est trop tard, il est déjà solidement maintenu entre mes pattes antérieures. Et le festin commence...

J'ai vécu comme ceci, heureuse de cette vie vagabonde, même si je ne suis pas très populaire. D'autres animaux ont bien essayé de me transformer en plat de résistance à deux ou trois reprises, mais en écartant les pattes et les ailes, j'ai réussi à impressionner l'ennemi et à le décourager, ...et j'en suis quitte pour une bonne frayeur !

Et le temps a passé, j'ai fait mes 6 mues... Et voilà que j'ai rencontré un jeune mâle. Patiemment et prudemment, il s'est approché de moi. On a fait plus ample connaissance, et alors que nous oeuvrions pour notre descendance,... C'est terrible... Je me suis retournée, et je me suis trompée... A la place du tendre baiser que je voulais lui donner,... ...CROC !... Le drame... Je me suis mise à le grignoter, en commençant par la tête...

...

Et voilà qu'à mon tour, l'abdomen chargé, je vais pondre mon oothèque.
La mauvaise saison va bientôt arriver, et il ne me reste plus beaucoup de temps pour me repentir de ce geste insensé.
Je vous abandonne là, je retourne à mes prières... ...entrecoupées de hors-d'oeuvres...

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